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Islande, troisième partie

Islande, troisième partie : " Sur la route, un vélo rose "


Note au lecteur : première partie disponible ici. Et la seconde ici. On peut toujours agrandir les photos en cliquant dessus (ce sera de meilleure qualité).

23 Juin
Près de Laxfoss 

Après mon échec sur l'Esja, je suis donc parti sur la route. Ou plutôt le long de la route, où des voitures passent toutes les deux minutes : on est à la sortie de Reykjavík, la moitié de l'île vivant là-bas, ça fait pas mal de trafic. Je marche et marche encore le long de ce putain de mont qui me nargue... J'essaye de faire du stop, je lève mon pouce sans me retourner, machinalement, mais personne ne s'arrête. Personne. Je continue à marcher, avec d'un côté la baie de Reykjavík et la ville au loin, de l'autre côté l'Esja et les autres montagnes. Il fait plutôt chaud, et je sens déjà dans mes jambes le poids de ma marche inutile de la matinée. 
Je me suis lancé dans la marche vers 13h, me disant que j'allais coûte que coûte rattraper mon retard, aller là où j'avais prévu d'arriver après ma rando par dessus la montagne. J'y suis donc allé comme un forcené, malgré les voitures et autres camions qui fonçaient à un mètre de moi. J'ai marché ainsi pendant deux heures sur le bitume, le souffle des camions rythmant mes difficiles pas.

Quand soudain, un cycliste monté sur un vieux vélo rose portant tout un bardas sur son porte bagage me double lentement, me gratifiant d'un grand sourire et d'un " How you doin' ?!" ( "ça l'fait ?!" ). Première fois de la journée qu'on m'adresse la parole, mis à part les chauffeurs de bus mal aimables : je suis surpris et n'arrive qu'à articuler un pauvre : "Hey !". Il continue sa route et moi la mienne. J'ai l'impression que ça ne va jamais se finir, que j'aurais toujours mon putain de sac qui pèse une tonne sur le dos... Les voitures et les camions continuent de me doubler à toute vitesse, certains manquant de m'aspirer dans leur souffle. Malgré ça, de superbes falaises défilent sur ma droite, et au loin Reykjavík s'estompe. 

Les montagnes/falaises du bord de la route (Crédits photo Wade Shepard)



Deux routes presque parallèles s'offrent à moi. Après une pause et beaucoup d'hésitations, je choisis de rester sur la grande route, juste au cas où. Quelques centaines de mètres plus loin, j'aperçois sur le chemin ce qui semble être un vélo et son conducteur. Le cycliste de tout à l'heure ? Il se rapproche, galère avec son bardas dans ce chemin de terre, et effectivement c'est bien lui. On dirait que j'ai bien fait de ne pas prendre ce chemin ! Je continue, un pas après l'autre, mes jambes me tirant davantage. J'essaye à nouveau de faire du stop, mais rien ne mord. 
Quelques (dizaines de ?) minutes après, le cycliste me double à nouveau, et ralenti à ma hauteur. J'ai tout le loisir d'observer ses tatouages, qu'il arbore des jambes à la tête, en passant par les mains. Il me demande d'où je viens -lui des USA-, me demande si je compte aller loin ... Quelques mots échangés, et il repart, me lançant un bon courage et un grand sourire. Ca me remet du baume au coeur, après mon échec de ce matin.
Une ou deux heures après, je me rend compte que je n'ai presque plus d'eau, je commence un peu à avoir peur. Je ne sais pas où je vais dormir ce soir, pour sur pas dans un camping. Je regarde ma carte. Une ville est à trois ou quatre kilomètres d'ici. Je "fonce".
La soif et la fatigue commencent à me saisir. Toujours ce soleil et ces camions... Enfin, j'aperçois au loin cette ville, Grundarherfi. Je crois distinguer le sommet d'une station service, donc un point d'eau. Même si d'après ce que j'ai lu la plupart des rivières ici sont propres, les cours d'eau que je croise ne m'inspirent pas vraiment confiance, circulant entre les champs cultivés... J'attendrai la station service. Et je fais bien, car je retrouve mon cycliste là-bas, en train de manger un bol de Muesli dans du lait. On rit à nous voir trimer ainsi, à peine sortit de la capitale. On discute de nos raisons du choix de l'Islande. Il me dit s'appeler Wade et qu'il écrit pour des magazines à propos de ses voyages. Il me donne une barre chocolatée et du lait. Première fois de ma vie que j'apprécie des bonnes grosses rasades de lait ! 




Wade Shepard, rédacteur de Vagabondjourney.com


Je lui explique ma mésaventure de ce matin, il se marre. On discute finalement une bonne dizaine de minutes, et je lui demande quelle est son étape de la journée. Il me dit ne pas savoir, qu'il avisera. Je lui répond que je compte aller à Glymur, la plus haute cascade d'Islande. Je lui montre ma carte, et me dit que ce n'est pas une mauvaise idée. Peu après, il me dit qu'il va continuer, mais je lui demande si je peux prendre une photo avant qu'il parte.On se souhaite bonne continuation, et on se dit en rigolant "On se voit au sommet de Glymur !", sans trop d'espoir pour moi. 
C'est dur de reprendre la route pour ma part. Après avoir rempli mes bouteilles, je me relance sur la route, avec pour objectif de dégotter un coin où dormir. J'arrive enfin à l'endroit où commence le plus grand fjord d'Islande, là où la route principale s'enfonce sous l'eau pour le traverser tandis que la route secondaire en fait le tour. Je bifurque sur la route secondaire. Je commence vraiment à avoir de plus en plus de mal à marcher, et observe là où je pourrais planter ma tente. Quelques kilomètres plus loin, dans un lieu superbe, le long du fjord, la route est beaucoup moins fréquentée. J'essaye à nouveau de faire du stop, toujours sans succès. De nombreuses fermes sont éparpillées, des chevaux et des vaches peuplent les champs. L'espoir de trouver un endroit où dormir diminue de plus en plus au fur et à mesure de mes pas...



Puis, alors que j'étais habitué à ce que les voitures filent à toute allure, une venant du sens inverse ralentit et s'arrête. La conductrice, jeune blonde aux yeux bleus, baisse sa vitre et me demande, le sourire au lèvres : 
" Qu'est-ce que tu fous là ?!
- Je marche.
- Tu vas jusqu'où comme ça ? Je t'ai vu il y a plus de trois heures, et tu marchais déjà !
- Glymur.
- C'est pas à côté, tu sais ?
- Bah oui... On verra. Et vous, vous allez où ? 
- Nous, on étais partis chercher des pierres dans la montagne. Tiens, prends en une, c'est une .... elle est semi-précieuse ! Ca te fera un souvenir !
- Merci bien !
- T'as essayé de faire du stop ?
- Oui oui, mais ça ne marche pas fort ... !
- Ecoute, si tu veux, je vais dans l'autre sens ... !
- C'est pas vraiment ma route... T'en fais pas pour moi, je vais continuer à marcher !
- Bon allez... Je t'emmène un peu !
- Sérieux ?! Merci beaucoup !! "
Je grimpe dans la voiture, heureux comme un gamin le matin de Noël, elle fait demi-tour au beau milieu de la route et on part. Le fjord est magnifique. Elle me demande d'où je viens et s'étonne qu'un français parle anglais. Après quelques banalités, je lui demande si elles n'ont pas croisé un cycliste sur la route. Elle me répond affirmativement. J'essaye tant bien que mal de faire durer la conversation pour qu'elles m'avancent le plus loin possible et finalement, j'aperçois Wade, en train de se faire un casse-croute à côté d'une rivière, au milieu de nulle part. Je leur dit de me déposer là, et les remercie vivement. Elles font demi-tour, et s'arrête à nouveau : la passagère baisse sa vitre et me dit qu'elle fera la route demain, et que si j'ai envie elle pourra m'avancer davantage. Cool ! On verra !

La rivière Laxfoss (Crédits photo Wade Shepard)


Je rejoint donc Wade et lui dit que je vais sans doute dormir dans ce superbe coin ce soir. On regarde autour de nous, la rivière remplie de saumons, la Laxfoss, nous fait de l’œil mais un panneau indiquant qu'il est interdit de camper ici nous refroidit. Wade me dit qu'il va monter en vélo voir à la ferme s'il est possible de poser notre tente quelque part. Il commence à faire vraiment froid, de gros nuages s'amoncellent... Il revient finalement dix minutes après, m'annonçant qu'on peut dormir dans le champ du propriétaire.



Sur la route pour aller dans le champ, on plaisante : 
" Alors, il t'a dit qu'on avait l'emplacement n° combien ... ?
-  22 ! Il m'a dit que c'était le meilleur, près des douches, pas loin du jacuzzi.
- Parfait parfait !"
On monte nos tentes, et discutons un peu de son job. Chacun écrit dans son coin. Le paysage est vraiment sublime.
Demain, Glymur !


Le champ où nous avons posé la tente. Il est 23h45 ..











Cette journée est aussi racontée par Wade sur son blog, la première partie est ici et la seconde ici  (en anglais)

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