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Concert à la Chapelle Saint-Roch

Concerts à la Chapelle Saint Roch


Le soleil est à l'horizon, sa couleur orange traverse les légers nuages roses : il s'éclipsera bientôt derrière le paysage bucolique de ce coin de Normandie. Une légère brise souffle sur les champs vallonnés au milieu desquels se trouve une petite bâtisse en pierres blanche surplombée d'un petit clocher : la chapelle Saint Roch, non loin d'Argentan. Autour de la chapelle se trouve un  jardin baigné dans une belle lumière de fin de journée d'été. L'odeur des grillades et de la bonne humeur emplit l'atmosphère ; des groupes épars discutent et trinquent tandis que des enfants se courent après, sautant à travers les buissons. Au regard de cette scène, difficile de croire que ce lieu dans lequel la vie semble s'épanouir a abrité pendant des centaines d'années la dernière demeure des patients de l'hôpital d'Argentan !
Ce n'est qu'une fois à l'intérieur qu'on peut se rendre compte de la taille de la chapelle, minuscule. Quelques vitraux sobres et colorés agrémentent les pierres blanches. Au fond, deux statues que l'on dirait sorties du mur enserrent la scène. A l'endroit où les mourants rendaient leur dernier souffle, nous retenons le nôtre : les concerts vont débuter. Une petite surélévation de pierre au fond de la chapelle passe pour être la scène : c'est sans doute ici que reposait l'autel, et d'où les clercs livraient les ultimes sacrements aux malades. Les instruments y sont disposés, et les vitraux aux couleurs simples laissent encore transparaitre un peu la lumière du jour.



La chapelle affiche complet pour la messe de ce soir : 100 à 150 personnes sont réunies sous la charpente massive. Les cinq musiciens du premier groupe de la soirée montent sur scène : il s'agit des Clockwork Of The Moon. Leur set dure une petite heure, et emplit pour autant l'espace de belles harmoniques qui résonnent dans la chapelle. Des enfants, au premier rang, écoutent attentivement cet enchaînement de chansons folk qui se marient parfaitement à l'acoustique du lieu. Les plus âgés hochent la tête d'approbation, des yeux se ferment pour mieux apprécier ces mélodies qui peignent des paysages bruts peuplés d'animaux sauvages. Transportés dans des contrées lointaines, le temps passe à vive allure :  il est déjà l'heure pour eux de laisser la place. On en ressort apaisé, le sourire au coin des lèvres, pour respirer l'air vif de la nuit et se plonger dans la contemplation de la lune. Ce soir, elle est pleine et rayonnante, et joue à cache-cache avec les nuages.




Après de nombreux ajustements, le temps de se désaltérer pour certains, le deuxième groupe monte sur la scène de la petite chapelle : Jesus Christ Fashion Barbe. C'est un changement total d'univers avec le précédent groupe : ils proposent au public un rock nerveux, rageur. La béatitude dans laquelle la chapelle était plongée s'évapore en peu de temps, laissant place aux riffs énervés de la guitare et au rythme effréné de la batterie. A la fin de leur set, les esprits sont totalement éveillés et prêt à entrer dans l'univers indescriptible du dernier groupe, Gablé.





C'est un véritable spectacle en sus du concert qu'offrent les quatre musiciens au public de la chapelle : aux chansons calmes se succèdent des éruptions sonores sur fond de boucles électroniques. La chapelle se met à bouger, à vibrer au rythme de Gablé : des personnes sautent et dansent, d'autres rient devant les facéties des musiciens ou devant l'apparition d'un masque d'Elvis Presley sur le visage d'un des chanteurs. De  nombreux instruments servent la cause de Gablé : xylophone, pipeau et flutes en tous genres, les classiques guitares, claviers, percus et basse mais aussi des outils plus improbables. Une bouteille d'eau est ainsi concassée, mordue et arrachée par un des guitaristes, le long brame de cornes de brumes retentit subitement, des cloches sonnent et des pots à lait tombent... On pourrait les croire fou : une chose est sûre, leur concert l'était. Acclamés par un tonnerre d'applaudissement et de sifflements approbateurs, ils livrent deux dernières chansons, selon leur même recette au croisement d'une multitude de styles.

Les concerts sont déjà terminés et on en ressort conquis et souriant, mais déjà nostalgique. Avec la fatigue, les chances d'apprécier pleinement la soirée étaient pour moi minces, voir même infimes, comme la probabilité qu'un voleur appelle la police pour se dénoncer. Et pourtant.
Remercions en tous cas l'association qui a choisi de faire de ce lieu, antichambre de la mort pour certains, un lieu de vie, d'échanges et de joie.


1 commentaires:

Marilou a dit…

Oooh ... Comme quoi, parfois, le hasard fait mal les choses. J'étais cette nuit-là dans cette magnifique chapelle, et on ne s'est pas vus ! Cela aurait pu être l'occasion d'échanger quelques mots, ça fait si longtemps.

J'espère que tu vas bien, Pierrot.

Tes photos sont belles.

Marilou.

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